Histoire

Le karaté « Goju-ryu » a été fondé par Maître Chojun Miyagi en 1920. Ce dernier, né le 25 avril 1888 dans la ville de Naha (Okinawa), vivait au sein d’une famille de commerçants.

A l’âge de trois ans, il fut adopté par son oncle qui en fit son héritier. Son prénom fut choisi par un vieil ami de son grand-père (son vrai prénom était Macchu).

Ses parents adoptifs, d’un âge avancé, possédaient un commerce d’importation de médicaments et étaient les fournisseurs officiels de la famille royale et de toutes les familles nobles de l’île.

Ce qui lui permettra plus tard de se consacrer entièrement à l’étude et au développement du Karaté d’Okinawa sans les préoccupations matériels de la vie quotidienne.

 Il commence son enseignement sous la direction de Kanryo Higa(shi)onna (1853-1915), le fondateur du Naha-te, au moment où il entre au lycée.

Le jeune Chojun s’entraîna avec une extrême assiduité sous la férule du célèbre Maître. Ses qualités exceptionnelles sont appréciées par Maître Kanryo qui le considère comme son successeur. Chojun, reconnu comme le meilleur disciple du Maître, s’était bâti une réputation de redoutable karatéka.

Il fait son service militaire à vingt et un an, soit de 1909 à 1911. En 1915, il part pour la province de Fujian (Chine) pour quelques mois. C’est alors que son Maître meurt à l’âge de 62 ans. 

A son retour, Maître Chojun se charge des cérémonies funéraires et prend la succession du défunt; tant pour se perfectionner que pour assurer la diffusion du Karaté.

Kanryo Higa(shi)onna (1853-1915)

Il retourne plusieurs fois à Fujian et se rend également à Pékin. Et cela dans l’espoir de retrouver le Maître de Boxe Shaolin qui avait enseigné à Senseï Kanryo Higaonna, Maître Ryu Ryuko (1852-1930), ou tout au moins certains de ces disciples.

Mais trente années s’étaient écoulées depuis la visite de Kanryo Higaonna et il ne retrouva personne. Il séjourna en Chine pendant deux années et étudia un style de Boxe Chinoise très proche de celui qu’il avait étudié à Okinawa.

A son retour sur son île natale, il se voua sans relâche au développement du Karaté.

Parallèlement à cela, il effectua une dizaine de voyages vers le Japon pour assurer la diffusion de son Art et former des élèves.

Chojun Miyagi (1888-1953)

En 1928, Maître Miyagi se rend pour la première fois au centre du japon dans le but principal d’assister au Butokusaï, à Kyoto, et d’étudier les possibilités de diffusion du Karaté dans l’île centrale du Japon (Hondo). Il exécuta des démonstrations de son Art dans les universités de la région, mais le karaté n’attire encore guère l’attention du public. Il jugea donc qu’il était prématuré d’organiser un enseignement et se contenta de faire des démonstrations.

Finalement, le Goju-ryu devint le style le plus important dans cette région car le Maître enseigna presque exclusivement dans cette région.

En 1929, Senseï Miyagi adopta le nom de « Goju-ryu » pour son école,

en partant des « Huit préceptes de l’art de combat ».


Les 8 préceptes de l’art du combat

L’esprit de l’homme est semblable à l’univers

Le sang circule comme se meuvent la lune et le soleil

Essentiels sont l’inspiration et l’expiration en force (Gô) et en souplesse (Jû)

Le corps suit le temps et s’adapte aux changements

Dès que les membres rencontrent le vide, ils se placent selon une technique juste

Le centre de gravité avance, recule et les adversaires s’éloignent, se rencontrent

Les yeux doivent voir dans les quatre sens

Les oreilles doivent entendre dans les huit directions


C’est sur le troisième précepte que Maître Miyagi forma le nom de « Goju », auquel il ajouta le suffixe « ryu » pour désigné son école.

En 1932, la passion de son art mena Senseï Miyagi jusqu’à Hawai. Tandis qu’à Okinawa, il enseigna régulièrement à l’académie de police.

En 1934, il reçu les honneurs du Ministère des sports japonais pour service rendu à l’éducation physique. (Pour cette occasion, un monument est érigé au centre de Naha)

En 1936, il retourna en Chine, cette fois à Shanghai, pour poursuivre ses recherches sur les arts martiaux chinois. L’année suivante, ses efforts furent couronnés par la plus importante organisation japonaise d’arts martiaux, la « Butokukai », qui reconnu officiellement le Karaté d’Okinawa comme un art martial. Ce même organisme lui décerna le titre de Kyoshi, équivalent au 8ème Dan, pour son dévouement à l’art du Karaté. Il fût le premier Maître de Karaté à recevoir un grade de cette organisation gouvernementale.

En 1941, la guerre éclata entre le Japon et les Etats-Unis. Dès lors, les activités civiles et culturelles furent contrôlées. Ces conditions peu favorables et des problèmes de santé expliquent pourquoi le Maître ne quitta plus l’île. Il avait donné le meilleur de lui-même pour propager son art.

Il décida de consacrer désormais ses efforts à l’adaptation de l’enseignement du karaté à un programme d’éducation physique. Ce projet se concrétisa plus tard par la création des katas: « Gekisai Dai Ichi» et « Gekisai Dai Ni ».

Durant la guerre, Chojun Miyagi perdit un fils et deux filles. Ces deuils successifs l’affecta profondément. Et malgré ses problèmes cardiaques, il reprit les cours de karaté en 1946 à l’académie de Naha. Il enseigna également dans son jardin, ce fut le temps de durs épreuves et de privations sur l’île d’Okinawa, beaucoup d’élèves ne purent tenir les entrainements.

C’est ainsi que la tradition du Goju-ryu d’Okinawa fut transmise dans son intégralité au jeune An’Ichi Miyagi (aucun lien de parenté) qui hérita de ce fabuleux savoir. Maître Chojun Miyagi mourut le matin du 8 octobre 1953.

An’Ichi Miyagi naquit à Naha, le 9 février 1931. Il perdit ses parents pendant la guerre, alors qu’il n’avait que 14 ans. Il devint chef de famille avec à sa charge deux jeunes frères.

Il commença l’étude du karaté en février 1948 sous la direction de Chojun Miyagi. Le Maître s’aperçut très vite que le jeune An’Ichi était passionné. Dès le début, il lui donna certaines corvées à faire. An’Ichi comprit que tout cela était un champ d’observation pour son Maître. Ainsi, il pouvait analyser en partie le caractère de l’élève. Très tôt aussi, il l’invitera à poursuivre plus loin son entraînement. Le cours fini, les élèves partaient et An’Ichi restait et reprenait l’entraînement, à chaque fois, Chojun Miyagi Senseï lui parlait de son expérience et lui donnait de précieux conseils.

Miyagi Senseï ne se contenta pas de lui enseigner la technique, mais lui apprit aussi comment se soigner avec les herbes médicinales. Maître Chojun Miyagi se comporta comme un père envers le jeune An’Ichi.

An’Ichi Miyagi nous a quitté au cours du mois d’avril 2009.

Morio Higaonna est né le 25 décembre 1938 à Naha. Il commença l’étude du Karaté « Goju-ryu » à l’age de 16 ans, avec Senseï An’Ichi Miyagi comme instructeur. Régulièrement, il s’entrainait l’après-midi, au collège, pendant deux heures et dans le jardin de Chojun Miyagi Senseï, deux heures en soirée.

En 1960, eurent lieu les premiers passages de Dan de Karaté d’Okinawa. Ces épreuves se déroulaient sous l’oeil attentif de Shoshin Nagamine. Higaonna Senseï reçut le grade de Godan (5ème dan). Au championnat du monde de 1972, à Paris, il fut invité à démontrer son Art.

Sa réputation prenait de l’ampleur. Certains l’appellent dès lors le « Lion d’Okinawa ».

En Belgique, la fédération de Goju-ryu d’Okinawa est dirigée par Patrick Curinckx Senseï.

En 1973, Senseï Patrick approcha le Karaté et pratiquant le style « Kyokushinkai ».

En 1976, après trois années d’entrainements intensifs, Patrick Curinckx Senseï se dirigea vers le style « Goju-ryu ». Style qu’il adoptera et dont il est restera fidèle.

En 1993, Higaonna Senseï lui demandera de diffuser le « Goju-ryu » d’Okinawa en Belgique.

Ces dernières années, Senseï Patrick voyagea dans différents pays afin d’y suivre l’enseignement de Senseï Higaonna.

Senseï Patrick Curinckx est aujourd’hui le chef instructeur de la fédération belge et possède le grade de Nanadan (7ème dan)